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Comme un rêve

Liberté, amour... patrie (Heimat), ces besoins innés de l’âme

Lorsqu’un prisonnier s’évade au nez et à la barbe de ses gardiens et que les médias s’emparent de l’événement, les spectateurs que nous sommes hésitent parfois à se mettre du côté de la justice... Par quel instinct, souvent, nous passons au-dessus du délit pour nous identifier avec celui qui se fait la belle ! Si Mesrine, "l’ennemi public n°1" est aussi "un héros national", c’est que le besoin de liberté semble inné tout au fond de nous. L’homme n’est pas fait pour être derrière des barreaux. Quel drame pour ceux qui sont privés de liberté !

Quant à nous qui jouissons de nos mouvements dans un espace sans limite, un même besoin de liberté nous pousse parfois à regarder intensément les oiseaux du ciel qui volent pour le plaisir, insoucieux du monde qui défile sous leurs ailes.

Sommes nous vraiment libres ? Si notre corps est libre de mouvement, notre âme, elle, n’étouffe-t-elle pas comme dans un carcan ? Que se passe-t-il ? Quel est ce besoin intense qui remonte si profondément de nos entrailles ? De quelle nature est cette confrontation intérieure qui nous tiraille, nous écartelle ...

Avec le besoin d’amour inassouvi, le rêve vient à notre secours. Nous essayons de mettre des mots, des images, sur des sensations, des transports, qui souvent nous dépassent... comme si ce besoin d’amour – ce besoin d’amour absolu – était inné en nous ! Quel drame pour ceux qui sont privés d’amour !

Et tellement fugitives sont les images de rêve ...



COMME UN RÊVE
Guy Marchal (Chansons d’une vie)

L’amour c’est un jardin de fleurs sauvages
Que les marais inondent le matin
Quand le vent fredonne sur la mer sa chanson
Du bout du monde après tant de jours
Les vagues se recueillent une à une sur ta bouche
Le rêve semble aussi léger
Que la fumée de ta maison
Qui doucement s’élance dans le ciel
Pour chercher ton âme que la douleur a tuée
Je t’imagine sur un lit de sable
Nue au soleil levant et bercée par l’océan
C’est le début du grand voyage
Tout là-bas vers l’infini
Là où le ciel ressemble à ton visage
Souriant de bonheur à la vie comme un rêve
Si tu t’en vas laisse moi pleurer
Une dernière fois seul avec ma guitare
(je peux envoyer la chanson à qui en fera la demande)



ULYSSE
Ridan (L’ange de mon Démon)

Heureux qui comme Ulysse,
A fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison ?

Mais quand reverrai-je, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison ?
Mais quand reverrai-je

Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province,
Et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour
Qu'ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur
Me plaît l'ardoise fine,

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

J'ai traversé les mers à la force de mes bras,
Seul contre les dieux,
Perdu dans les marées ;
Retranché dans une cale
Et mes vieux tympans percés
Pour ne plus jamais entendre
Les sirènes et leur voix.

Nos vies sont une guerre
Où il ne tient qu'à nous
De se soucier de nos sorts,
De trouver le bon choix,
De nous méfier de nos pas
Et de toute cette eau qui dort
Qui pollue nos chemins soi-disant pavés d'or !

Mais quand reverrai-je...


HEUREUX QUI COMME ULYSSE (LA PETITE PATRIE)
Jean du Bellay (Les regrets)

Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la Toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village,
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison
Qui m’est une province et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux
Que des palais romains le front audacieux ;
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.

LES IDÉES. 1- Ulysse : principal héros de l’odyssée, d’Homère. – Après la prise de Troie, Ulysse erra dix ans sur la mer avant de pouvoir aborder l’île d’Ithaque dont il était roi.
Celui-là Jason qui conquit la Toison d’un bélier fameux.
2- Quand reverrai-je, hélas ! Ces mots traduisent la tristesse du poète éloigné de son pays natal, et son désir de le revoir. _ Ilséjourna trois ans à Rome où il suivit comme secrétaire un parent ambassadeur.
3- Liré, Tibre, Palatin : Du Bellay est né à Liré, petit village d’Anjou. Le Tibre est le fleuve qui arrose Rome, „la ville aux sept collines“ dont le mont Palatin.
4- A relever dans ces six vers l’opposition continue emtre la ville de Rome et le pays natal, et la préférence qu’accorde le poète à sa petite patrie. Des vers souples et harmonieux, leur rythme traînant et comme lassé ajoute à l’impression de mélancolie.



LE CIEL EST PAR-DESSUS LE TOIT

Paul Verlaine (Choix de Poésie)

Le ciel est par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit
Berce sa palme.

La cloche dans le ciel qu’on voit
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

„Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse ?
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?“

LES IDÉES. De la fenêtre de sa prison de Mons, où l’ont conduit les désordres de sa vie, Verlaine contemple le ciel, regarde un arbre, écoute un oiseau, entend les bruits calmes de la ville. Ces deux premières strophes sont lentes, calmes, apaisées, faites de mots simples et familiers.
Puis soudain l’inquiétude hache et précipite le rythme de la 3e strophe. Et dans la 4e strophe, le rythme devient heurté, car le désespoir jaillit. Le poète pleure sur ses misères morales, et cette douleur émeut nos coeurs.


Ecrit par alberto, le Dimanche 22 Février 2009, 09:31 dans la rubrique Actualités.
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